Sur Catalina Island, les bisons d’Hollywood vivent en paix depuis 100 ans

Située à un peu plus d’une heure de ferry de Los Angeles, la petite station balnéaire de Catalina Island abrite 4 000 habitants, ainsi qu’une centaine de bisons sauvages. Amenés par un studio de cinéma pour le tournage d’un western, ils n’en sont jamais repartis. 

Nul besoin de se rendre dans le Wyoming, le Montana ou le Dakota du Sud pour observer les imposants bisons d’Amérique, l’un des symboles du grand Ouest des États-Unis. 

Environ cent-cinquante d’entre eux paissent en effet à moins d’une heure et demie de l’urbanisme et des embouteillages de Los Angeles.

À une cinquantaine de kilomètres de la mégalopole californienne, sur les terres rugueuses et sauvages de Catalina Island (l’une des huit îles des Channel islands), un troupeau de bovidés évolue en liberté depuis plus de cent ans.

Pour les découvrir, plusieurs ferries larguent les amarres quotidiennement des ports de San Pedro, Long Beach, Newport Beach ou Dana Point pour rejoindre en un peu plus d’une heure la station balnéaire d’Avalon (3 800 habitants), principale ville de l’île et point de départ des circuits organisés sur les traces des ruminants.

Ces mammifères de près d’une tonne ne sont pourtant pas originaires de ce “caillou” de 194 km2. 

À l’origine, le territoire n’abrite que quelques milliers d’Amérindiens Tongva, et seuls le renard, la souris sylvestre, la musaraigne ornée et quelques oiseaux constituent la faune locale.

Mais en 1919, l’entrepreneur roi du chewing-gum, William Wrigley, Jr., jette son dévolu sur l’île. Il y investit plusieurs millions de dollars en infrastructures et attractions, pour faire des lieux l’une des destinations préférées des Angelinos aisés et vedettes du cinéma.

Les studios ne tardent pas à s’intéresser aux paysages. “En 1924, un troupeau de quatorze bisons américains a été introduit à Catalina pour servir de toile de fond à la production d’un western intitulé ‘The Vanishing American’, avec l’une des stars de l’époque, Richard Dix”, raconte la Catalina Island Conservancy (CIC), en charge du troupeau depuis 1972. “Après ce premier film muet, les bisons devaient être utilisés pour le tournage de ‘The Thundering Herd’, mais les plans furent délocalisés et les studios laissèrent les animaux sur l’île”.

En liberté et livré à lui-même, le troupeau s’adapte tant bien que mal aux conditions locales, mais n’augmente pas. Craignant son extinction, William Wrigley, Jr. fait alors venir du Colorado douze nouveaux bisons, principalement des femelles. “Mais la greffe ne prend pas. Les animaux se séparent en deux troupeaux jusque dans les années 1960, avant qu’ils ne commencent à se reproduire”.

Le nombre de ruminants monte alors rapidement, pour atteindre plus de 200 têtes. Une satisfaction, mais aussi une source de préoccupation. “Pour la santé écologique de l’île et le respect de la faune et la flore, nous avons mené une étude qui a montré qu’il était nécessaire de maintenir le troupeau entre 100 et 150 bisons”.

Si auparavant, les bisons étaient enlevés et mis aux enchères sur le continent, la CIC décide en 2004 de s’associer avec les Amérindiens des tribus Morongo, Tongva et Lakota pour relocaliser les bovidés à Rosebud, une réserve du Dakota du Sud.

Les autres bisons font quant à eux le bonheur des visiteurs de l’île. “Il faut tout de même faire attention”, prévient la CIC. “Les bisons sont de gros animaux sauvages qui peuvent causer des blessures graves. Ils peuvent courir jusqu’à 60 km/h et sauter à près de 2 mètres. Il ne faut jamais approcher, toucher ou tenter de les nourrir un bison”. 

Un conseil à ne pas prendre à la légère, deux hommes ayant été gravement blessés en 2015 et 2018 après avoir été encornés.

Stéphane CUGNIER

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